Aujourd’hui dans mon défi d’expérimenter différents styles d’écriture, j’explore la biographie. Celle de mon père qui a été un papa, un époux et un membre actif de sa communauté. Pour moi, il incarne la force de la détermination.
Par Claire Durocher
Tu es là au centre de nos vies, toi le solide gaillard, l’esprit cartésien qui voit la beauté de la vie. Tu es notre lumière matinale, celle qui nous donne l’espérance d’une belle journée, il y a tant à faire. Mille projets amoureux, paternels et communautaires.
Bien jeune, tu apprends que chacun est important dans ta communauté. Tu sers les vêpres pour 5 sous et cours t’acheter 5 cents de bonbons au magasin général Ladouceur. Quelle joie ultime!!!
Les années passent et, devenu jeune prétendant, tu ne te laisses pas impressionner par les filles. Bien sûr, tu les courtises, tu les fais danser mais, si tu acceptes de débourser 4 cents pour payer leur entrée à la salle de danse, la galanterie s’arrête là, pas question de leur payer une liqueur à 10 cents. Bien vite, la belle Marie te séduit un jour de Sainte-Catherine. Tu lui fais la cour en lui chantant Quand on s’aime bien tous les deux. Dès lors, tu embrasses les responsabilités de la ferme familiale et y fondes ta propre famille. Quel fier homme tu fais aux côtés de ton bras droit, l’amour de ta vie, ta douce partenaire Marie.
Tu veux faire les choses en grand, tu plantes les poteaux pour la Gatineau Power et le Petit Coteau a l’électricité avant même le Grand Coteau. Sitôt qu’un voisin achète le premier téléviseur du village, tu t’empresses d’en acheter un toi aussi. Plus question maintenant de parler durant les bulletins de nouvelles et de te déranger durant la partie de hockey des Canadiens de Montréal.
Pendant ce temps, la vie à la ferme va bon train avec tes 12 enfants qui égaient le quotidien. Ils s’amusent avec toi sur la pente de ski que tu improvises sur la colline. Ils attendent impatiemment le 24 décembre pour aller chercher le sapin de Noël avec toi. Aussi, combien de projets tu inities pour payer les études de tes enfants dont la transformation d’un champ en plantation de concombres.
Un jour tu deviens maire, un long parcours de 40 ans. Une administration de bout de chandelle diront certains, mais rien ne t’arrête pour faire épargner de l’argent aux contribuables. Tu achètes même des poches d’asphalte pour boucher toi-même les trous sur la chaussée. Tu la tasses avec les pneus du camion de ton conseiller municipal, quelle ingéniosité!
À cette époque, le mot bénévolat n’est pas encore sur toutes les lèvres, mais déjà tu as mille et un projets communautaires sous ton couvre-chef. Tu crois au potentiel des gens de ta communauté et tu as foi en leur capacité pour réaliser de grandes choses.
Visionnaire, tu nous forces à rêver par tes projets novateurs, que ce soit les questions environnementales comme le site d’enfouissement sanitaire ou les besoins des personnes vulnérables comme le service de transport adapté. Il y a tant initiatives trop longues à énumérer. Tu t’engages à fond et écrit même un livre sur l’histoire des gens d’ici. On te regarde et on est ému par tant d’énergie et d’innovations, comme si tu nous disais que l’impossible n’existe pas.
Tu nous donnes la joie de vivre. Jusqu’à la dernière minute, tu fredonnes ces chansons de l’ancien temps et tu danses sur les airs modernes de rock & roll. On comprend ton message de mordre dans la vie et d’en apprécier chaque étape. Cette ardeur à vivre dans la bonne humeur retentit encore dans les coeurs de tes voisins, amis et enfants. Les souvenirs de ces fêtes à la maison familiale sont une source intarissable de bonheur pour nous tous.
Peut-on parler de réussite avec toi ? C’est davantage une force que tu nous lègues. C’est un héritage moral que tu nous laisses. Ta joie de voir tes enfants se faire une place au soleil. Ton visage ému à la naissance de chacun de tes 25 petits‑enfants. Ta tendresse lorsque tu prends tes 12 arrières-petits-enfants dans tes bras.
Ton chef d’oeuvre sur terre est fait d’amour et de don de soi. Le parfum de ta présence se dissipe, mais l’écho de ta voix est gravée à jamais dans nos souvenirs. Tu laisses un grand vide dans le village, le patriarche s’en est allé. Tu nous as montré que le bonheur existe vraiment. 50 ans d’amour avec Marie, 65 ans d’amour paternel, 40 ans de vie publique. Tu laisses en héritage ce que tu as écrit dans nos coeurs soit l’entraide pour son prochain. Même si nous retenons que ça, ta vie aura été un succès.
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Très belle histoire, merci pour le texte et les photos.
Merci Alain, c’est un beau cadeau de voir ton nom sous cet article. Ça me replonge encore plus dans ce bon temps de notre enfance. Si on énumérait tous les souvenirs de ces journées à la ferme, on aurait un gros sac à trésors bien remplis. Lorsque la parenté venait nous rendre visite, c’était le summum. Il n’y avait pas de joie plus grande que de jouer avec nos cousins-cousines. On s’inventait des jeux parfois un peu casse-cou, mais toujours très créatifs. On n’avait peur de rien, et surtout on profitait de la bonne bouffe autour d’une joyeuse tablée.
Wow, quelle belle et grosse famille, je ne savais pas que tu avais autant de frères et soeurs
Ton texte est super beau, bravo à toi
Merci beaucoup de votre commentaire. Il y en a eu de l’action dans nos jeux d’enfant comme dans les projets de mes parents pour faire vivre la famille et nous offrir une bonne éducation.
Wow ma belle Claire, 11 frères et soeurs, c’est vraiment impressionnant. Ton père a dû travailler tellement fort pour faire vivre tout ce monde là. De plus, ton père était vraiment aimant et généreux, tout comme toi d’ailleurs avec ton travail humanitaire! Tu continues à m’émerveiller avec tes belles écriture! J’ai hâte de te lire lors de ta prochaine création!
Merci beaucoup pour votre commentaire. À 12 dans la famille, ça fait beaucoup d’action.