Par Claire Durocher
Copenhague se fait belle pour m’accueillir. Des personnes, des architectures, des rues d’un cachet révélateur de cette partie du monde. La beauté tranquille des lieux est si impressionnante qu’elle apaise même le souffle du vent.
Le design urbain surprend dans sa dimension historique. Les rues ont un tracé complexe et capricieux. Souvent elles ressemblent à des méandres vu les édifices érigés directement sur la voie quand ce n’est pas des canaux semant la confusion linéaire. On finit pas perdre le Nord!

Tant qu’à être à Copenhague, je me lance à la recherche de l’emblème de la ville. Quelque part, dans ce port scandinave, il y a la statue de bronze de la Petite Sirène, personnage inspirée du conte de Hans Christian Andersen. Elle guide les marins depuis la nuit des temps.

Le lendemain, le mastodonte de la mer est bien en vue sur la mer du Nord. Capitaine, matelots et cuistots m’accueillent dans la plus grande convivialité. Je trouve ma cabine à l’arrière du bateau, presqu’isolée et juste à côté des cabines de l’équipage.
C’est un départ à la découvertes des légendes, des Vikings et du toit du monde. Les fjords sont hallucinants. Ils me racontent la fonte des glaciers millénaires. Les traces des couches de glace fondues sont toujours visibles entre les pics glacés des montagnes.

Puis, Geiranger apparaît juché à flan des montagnes. Quelques moutons broutent un peu partout. On dirait un hameau de romans.
L’eau de la cascade coule des montagnes au milieu de l’endroit. Elle est si limpide qu’on voit les poissons chuchoter entre eux. La cascade coupe le village en deux, comme un éclair des dieux ou l’épée d’un Viking. Les Vikings, les trolls, ça fait partie du quotidien ici.

Je goûte un chocolat chaud excellent. Je mets moi‑même des pépites de vrais chocolats pour ajuster la concentration du breuvage. Je me sens un loup de mer attablée dans cet ancien hangar de pêcheurs.

Prochain port Alesund. Un endroit détruit par le feu au début du siècle. Il est reconstruit à l’image d’un tableau d’art nouveau. Les souvenirs de l’ancien port de pêche ont disparu, la modernité y règne dans toute sa fougue.
Je gravis quelque 450 marches à même la montagne pour me rendre à un observatoire. Je remercie la vie de s’ouvrir à moi et de me montrer le coeur de la nature.

Le cercle polaire se montre dans toute sa splendeur comme une majesté céleste, un habitacle des dieux. Je ne veux plus dormir, il y a des soleils partout. À l’est, à l’ouest et il est minuit! Plus de ligne d’horizon non plus. L’horizon est un cercle, incroyable. Tout est à 360 degrés. Quand je regarde au loin, je vois une demi-lune bleu marin comme ligne d’horizon. C’est comme une ligne d’une couleur bleue inconnue entre le ciel et la mer, tout en cercle. Je me sens sur le toit de la terre comme dans un dôme. Même les nuages apparaissent inclinés comme s’ils suivaient la forme du dôme. Ce grand cercle bleu marin en guise d’horizon, j’en perds mes repères.
Minuit et une minute, c’est fait, je reçois mon certificat de voyageur du Cercle polaire. Le capitaine procède à mon initiation en mettant un glaçon dans mon dos. ça donne vraiment l’impression d’avoir vécu quelque chose d’unique.

Puis, c’est l’accostage au port de Tromsø aux abords d’une ville de 70 000 habitants. Mon esprit fabule, c’est hors de toute attente. L’université et les centres de recherche sur l’Arctique sont incroyables.
Les gens vivent de différentes activités reliées à la mer et au tourisme. Les architectures hybrides du passé et du présent se croisent dans la ville. Je ne me crois pas en Arctique, si ce n’est ces montagnes enneigées au loin.

Je traverse le pont de Tromsø qui, dans les années 60, est le plus long pont en Europe. J’aperçois l’architecture atypique de la Arctic Cathedral. Elle m’invite vêtue de son couvre-chef blanc. Ses formes rappellent les blocs de glace pointus échoués près de la baie. Dans toute sa simplicité, la petite église est la fierté des habitants. Ils la décrivent comme un trésor communautaire dont on a oublié le sens, mais qui laisse sa trace dans les légendes locales.

J’arrive au port de Honningsvag au 71e parallèle. Les habitants vaquent à leurs occupations. Je marche avec les écoliers sur le chemin de l’école. Je salue les hommes qui promènent leur chien et les femmes qui font leur jogging. Tout semble normal, c’est moi qui suis énervée, je suis au cercle polaire! Le sourire me sort par les oreilles, une émotion de rêve accompli.

Chemin faisant, j’aperçois le Artico Ice Bar, un bar de glace bleu glacier. Je ne suis plus énervée, je suis survoltée.
Le pub est construit avec la glace des lacs des hautes montagnes. Tout est en glace, même les verres. Il paraîtrait qu’on peut jeter son verre dans l’eau et faire un souhait. Ce n’est pas les légendes qui manquent ici, au pays des trolls et des farfadets. L’imagination est la limite.

Le blanc de la neige des glaciers coule jusqu’au bleu de la mer et se perd dans le sillon émeraude du passage du bateau. Les bleus s’amalgament dans une étrange vision de réalité illusoire.

Voici venue la fin des émerveillements. Des aurevoirs de chants et de danses de plus de 65 nationalités réunies sur le bateau.
Le capitaine explique que la cérémonie est un appel à vivre ensemble dans l’harmonie. Le souhait que chacun ne perçoivent plus l’autre comme des peuples dominants et dominés.
Ces moments au Cercle polaire mettent en lumière un nouvel aspect de ma spiritualité. J’ai grandi.

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un magnifique voyage, une bonne description, ….. que demander de plus …… on ressent ta joie
La joie d’être dans un espace naturel qui semble encore loin de la pollution. Même le chocolat goûte meilleur.