Par Claire Durocher
Un jour, j’entends l’écho des vagues de l’Australie comme un appel à la découverte de ce nouveau monde. Je vois bleu turquoise dans ma tête juste à penser à la Grande barrière de corail qui, selon la littérature, est le plus grand récif corallien du monde. Elle est l’habitat de centaines, voire de milliers d’espèces de coraux, de mollusques, de poissons et d’oiseaux. Une biodiversité exceptionnelle, malheureusement mise en danger par les activités humaines.
Que diable l’ombre de la lune dans la cour, je pars pour l’Australie.
Mais l’aventure est plus périlleuse que prévue. La Providence m’abandonne dans ce paradis de l’océan Indien.
Yé, je pars, tout est parfait, et non …. problème de papier à la douane. Mon numéro de visa n’est pas enregistré dans le système informatique. Je suis coincée à l’aéroport de Hong Kong. À la suite d’une solution in extremis, je réussis à prendre mon vol.
Fiou, arrivée saine et sauve à l’aéroport de Brisbane. Je vais respirer l’air de l’Océanie, et non … un chien renifle mon sac à dos. Le douanier m’arrête. J’ai oublié une pomme dans le fond de mon sac. Il a raison, on ne doit jamais transporter de fruits sur une île. Un contretemps qui n’a rien de prestigieux comme dans les films, juste un chien saucisse assigné à la fouille des bagages. La honte chatouille mon orgueil.
Je réussis à régler le problème avec le douanier. Je peux profiter des charmes de Brisbane et non …. mon compte bancaire est désactivé. Je dois survivre avec les quelques dollars que j’ai en poche. Les banques sont fermées, on est dans un long week-end férié.
Pas de problème, je dormirai dans les auberges de backpackers et non …. on me refuse parce que mon sac à dos est trop petit. Je ne serais pas un vrai voyageur, quelle mauvaise blague. Il me reste une chaise à la section des backpackers du terminus d’autobus.
Je suis rusée. Je décide de prendre un autobus de nuit pour dormir et non … le chauffeur n’a pas les clés. Le conducteur précédent aurait oublié de les lui remettre, impossible de partir. Un autocar pas de clés, c’est quand même rare.
Au moins la mer c’est gratuit.
Après plusieurs repas au beurre d’arachides, aujourd’hui c’est jour de banquet et non … la serveuse a oublié de mettre la viande dans le sous-marin. On avait rêvé d’un sandwich avec tous les choix d’ingrédients. Quelle déception.
Pendant ce séjour en Australie, j’ai rendez-vous avec mon ami pour sa collation des grades. Je serai sa seule famille présente pour le féliciter et non … la cérémonie a été devancée à 9 h au lieu de 14 h. J’arrive trop tard. L’université lui prête une toge pour une photo de famille.
La Providence s’en est allée. J’erre sous le ciel d’un bleu azur jusqu’au crépuscule. Il y a des soirs où on se sent seule au bout du pont avec ses souvenirs qui sont des reliques inutiles en ces jours impromptus.
Sur la rue démesurément propre de Brisbane, je marche sur les rimes du destin. Je constate que la conduite automobile à droite fait que tout est différent. Il faut bien sûr regarder à droite pour traverser la rue, mais aussi se placer à droite dans une file d’attente.
Cette série d’infortunes m’oblige à oublier la Grande barrière de corail. Je réussis à voir des kangourous.
Au gré des rencontres de fortune, une autruche prend le temps d’écouter mes doléances. Elles n’ont plus vraiment leur raison d’être. Après tout, cette escapade n’est pas si pathétique.
En suivant les pistes des animaux fétiches australiens, je vois un koala en pleine sieste sur une branche. Normal, ils dorment une vingtaine d’heures par jour entre leurs dégustations de feuilles d’eucalyptus. Mon coeur s’amuse, c’est si fabuleux pour l’Occidentale que je suis.
Il est déjà temps de partir. Dorénavant, je ne ferai plus de mes attentes la pièce de théâtre que j’imagine du pays. Maintenant, je regarderai le spectacle que le pays m’offre à titre gracieux.
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