Pour te libérer de ta souffrance, libère-toi de tes attachements
Bouddha
Par Claire Durocher
Cette réflexion définit mon bonheur. Plusieurs gestes quotidiens sont reliés au superflu. Ces superflus mettent de la pression. Je dois travailler davantage pour acheter ces possessions matérielles. Ceci empoisonne mon existence et fait crouler sous des problèmes créés par moi‑même pour atteindre cette surabondance.
Vivre en société m’expose aux désirs de milliers de personnes. Parfois, ça fait oublier qui je suis. Je dois rester vigilante. Je dois me rappeler ce qui me rend heureuse.
Ma maison ressemble à mon intérieur. Elle raconte mon quotidien, mon être et mes avoirs. Je priorise de passer du temps de qualité avec des personnes que j’aime.

Dominique Loreau, inspirée de différentes doctrines anciennes, appelle cela L’art de l’essentiel. Elle dit que la vie constitue les heures que nous avons, et que posséder peu fait gagner un temps précieux. Avoir moins de choses, c’est moins d’heures de travail pour gagner de l’argent pour les acheter, moins des tâches ménagères pour les nettoyer…
L’auteure estime qu’avoir plus de temps signifie que notre rythme de vie ralentit. Nous ne sommes plus constamment pressés et surmenés. Notre vie ne se résume pas qu’à une succession d’activités inscrites sur un agenda.
Dominique Loreau me fait réfléchir. Combien de temps je fais quelque chose par rapport à mes objets vis-à-vis le temps que je passe à échanger avec une personne, à apprendre de nouvelles connaissances pour m’épanouir et les transmettre à mon entourage?

Certains verbes décrivent une journée. C’est intéressant de constater qu’ils se rapportent souvent à la consommation: désirer des choses, acheter, transporter, entretenir, assurer, débarrasser des choses.
L’important m’avait dit mon enseignant de 12e année est de donner une dimension spirituelle à nos actions. Que chaque geste devienne un geste significatif. Par exemple, cuisiner, c’est apprécier les aliments (les récoltes) et élever ma relation avec les personnes qui partagent mon repas.

Aussi, dans ma liste d’essentiel, il y a de me promener pour voir chaque délicatesse de la bise douce, du soleil lumineux et de la lune furtive. Aller au cinéma, lire, apprivoiser le monde. Meubler ma vie avec ce que je veux comme émotions, comme valeurs, comme matériel… un arbre pour sa beauté et son oxygène, un acte de partage pour le sourire d’une personne.

Je ne me rappelle même plus la dernière que j’ai fait un pique-nique seule ou en famille.
Pourtant, il y a eu un temps où j’allais régulièrement en vélo au lac Pink en Outaouais pour manger en plein air à ce site écologique d’une beauté sans pareille. Les rainures de marbre grise et ocre des rochers de ce parc donnent un cachet si poétique à l’endroit. On dit que c’est un lac méromictique parce que les eaux du fond et du dessus ne se mélangent jamais. Normalement, les couches d’eau d’un lac se mélangent complètement chaque année au printemps et à l’automne sous l’effet de la densité de l’eau, de sa température et de celle de l’air et du vent. Ce phénomène répartit les nutriments et l’oxygène. Mais, au lac Pink, les falaises environnantes privent le lac de vent, donc il n’y a pas d’oxygène dans les eaux profondes. On rapporte que l’absence d’oxygène au fond du lac fait en sorte qu’un seul organisme vit dans ses profondeurs: un organisme anaérobie préhistorique. Il s’agit d’une bactérie photosynthétique rose qui utilise le soufre au lieu de l’oxygène pour transformer la lumière du soleil en énergie. On dit également que le lac Pink abrite l’épinoche à trois épines, un poisson d’eau salée laissé par la mer de Champlain qui recouvrait autrefois la région. Ce petit poisson d’eau salée s’est adapté à la désalinisation graduelle du lac, si bien qu’il vit aujourd’hui dans l’eau douce du lac.

Voilà une différence entre bouger pour la beauté, pour les phénomènes plutôt que pour les choses. Se nourrir émotionnellement, psychologiquement et mentalement plutôt que financièrement. Les choses parlent. Elles sont un chuchotement constant aux oreilles.
Le silence visuel est si nourrissant.

En 1968, l’auteur-compositeur-interprète, Jacques Brel, offre ceci comme vœu de nouvelle année.
“Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir et l'envie furieuse d'en réaliser quelques-uns.
Je vous souhaite d'aimer ce qu'il faut aimer et d'oublier ce qu'il faut oublier.
Je vous souhaite des passions.
Je vous souhaite des silences.
Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil et des rires d'enfants.
Je vous souhaite de respecter les différences des autres parce que le mérite et la valeur de chacun sont à découvrir.
Je vous souhaite de résister à l'enlisement, à l'indifférence et aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaiter de ne jamais renoncer à la recherche, à l'aventure, à la vie, à l'amour.
Je vous souhaite surtout d'être vous, fier de l'être et heureux car le bonheur est notre destin véritable.”

“Tout voyage est une agression. Il vous contraint de faire confiance à des inconnus et à perdre de vue le confort familier du foyer et des amis, on est en perpétuel déséquilibre. On ne possède rien en dehors de l’essentiel – l’air, le sommeil, les rêves, la mer, le ciel – toutes choses qui tendent à l’éternité ou du moins à ce que nous en imaginons.”
Cesar Pavese

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Wow!! La phrase du Bouddha sur l’essentiel. Une phrase qui est venue complètement impacté ma vie à 16 ans et qui à définitivement changer mes perspectives sur la vie et les “choses”. C’est aussi tellement bien imagé le texte de César sur le voyage où il nous reste que l’essentiel. Ça m’a fait réaliser c’est quoi dans les voyages qui nous rend si heureux….le retour à la source avec nul autre que soi et son prochain!! Merci pour ce magnifique rappel! ❤️
La vie est un grand tourniquet, parfois on s’y perd. Revenir à nos valeurs fait du bien. Notre quotidien est aussi un voyage avec les personnes autour de nous et nos choses. Mettre en pratique les paroles de Cesar Pavese apporte une joie profonde d’accomplissement et de gratitude.