“La véritable éducation consiste à pousser les gens à penser par eux-mêmes.”
Noam Chomsky
Par Claire Durocher
Noam Chomsky a écrit plusieurs essais dont La responsabilité des intellectuels questionnant, entre autres, l’intervention américaine au Viêt Nam.
Des années plus tard, Jacque Fresco donne une conférence à l’Université Concordia à Montréal. Il reprend la même idée de l’importance pour chaque individu de développer sa pensée, c’est-à-dire son sens de jugement et d’analyse.
Ce jour-là, tous s’attendent à ce que Fresco parle des avancés du Venus Project dont il est l’initiateur. Mais non, il dit simplement à l’audience, en majorité de jeunes universitaires, Pensez par vous-mêmes. Il avait tout dit !

Penser par soi-même aide à prendre des décisions pour n’avoir aucun regret. Parfois, nous sommes à un carrefour de notre existence. L’incertitude s’installe. Des personnes croisent notre route dans des endroits les plus imprévus. Elles nous aident à cheminer.
En 2010, je fais un stage chez un artisan semencier. Je me retrouve sur la route de Saint-Damien, dans Lanaudière. La nuit s’épaissit. La noirceur est couleur d’encre. Les arbres sont des ombres. La chaussée me semble un sentier taillé à même la forêt. De peine et de misère, je trouve la maison de mon hôte, Les Jardins de l’écoumène. Je n’ai jamais vu une noirceur aussi épaisse. Je ne me rappelle même pas avoir vu une étoile. Je me sens dans un gouffre, mais au réveil, la splendeur des lieux est un havre de beautés.

Les artisans offrent des semences indigènes biologiques assurant la biodiversité. Il n’y a pas d’électricité conventionnelle. Toute la propriété fonctionne à même des panneaux solaires et un système complexe de répartition des kilowatts.
Je cueille les melons, cerises de terre et autres pour en extraire les graines. Elles sont ensuite séchées. Je classe les semences par grosseur avec une machine à coudre vintage (pas d’électricité). À l’aide de la pédale, je fais avancer les graines sur un tapis roulant afin de les faire glisser dans un sac d’emballage une à une. Invention des propriétaires Guylaine St-Vincent et Jean-François Lévesque.
La rencontre de ces deux personnes m’amène directement à mes valeurs. J’apprends l’importance des légumes du patrimoine. Je découvre l’histoire du cycle naturel des légumes cultivés jadis sur le Mont-Royal. Et, pour mon plus grand plaisir, je trouve le livre de Rob Hopkins, Manuel de transition de la dépendance du pétrole à la résilience locale !

À cette époque, j’arrive du Nord de l’Ontario où les forêts d’épinettes s’imposent. Le paysage de Lanaudière m’apparaît comme un grand jardin. Les différentes variétés potagères, les herbes aromatiques, les fleurs comestibles, toutes cultivées dans le plus grand respect de l’environnement.
J’apprends comment les propriétaires ont construit leur projet à même les principes de la permaculture pour l’aménagement du site, la conception des bâtiments et l’installation d’un système de production d’énergie solaire.
Bien plus qu’un stage de récolte de semences, j’apprends la nécessité d’assurer la survie de lignées patrimoniales pour le maintien de la biodiversité. Je prends connaissance de la consommation écoresponsable.

Ce stage aux Jardins de l’écoumène est un tournant majeur dans ma vie. Je ne suis plus une universitaire domestiquée. Je suis un mentor au service de la Terre.

Note : Les photos n’ont pas été prises aux Jardins de l’écoumène.
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Le bio c’est le chemin à suivre pour sauver la planète, en commençant par des semences bio dans son propre jardin de légumes ou plate-bande de fleurs. Bravo Claire pour cet inspirant article.
Chaque geste compte, pas seulement en agriculture mais aussi en éducation, en économie…. Ceci deviendra réalité avec une nouvelle vision globale du monde. Accepter qu’on peut faire les choses autrement.