Par Claire Durocher
Je recolle les morceaux
Je me reconstruis une vie
avec plus de lenteur,
plus de sens,
moins d’entailles… le pays n’est pas la solution,
mais plutôt comment on vit le pays,
s’abreuver à sa culture
se colorer de ses valeurs
être dans son soi-mêmeVoilà ce qui importe
que ce soit en Occident ou en Orient.
C’est là où je suis avec l’Univers.
“Avec la fin de l’après-midi, le jour avait repris ses airs de majesté.
Jean O'Neil
La mer et la montagne sont maintenant de plomb confondu.”
Préparer les offrandes du jour pour les déposer à l’endroit réservé à la dévotion remplit notre intérieur de belles pensées, de bons sentiments.
Pluie ou beau temps, une marre de fleurs flottant dans une eau cristalline attire paix et candeur. Un bonheur spontané et complet. Ce geste de reconnaissance et gratitude incite à prendre soin de la Planète et … des autres. Nul besoin de vider Terre et Mer de ses richesses, et encore moins de déposséder l’autre pour un faux bonheur.
L’offrande est comme un abri pour son âme.
“Si on s’était arrêté à l’apparence…
Boucar Diouf
on aurait jamais découvert les perles à l’intérieur des huîtres”
Je marche des heures sur des pistes difficiles. Puis, à travers le brouillard épais comme seul le Nord du Viêt Nam connaît, je vois ces parapluies, ces gens souriants, et toutes ces tables d’offrandes. C’est jour de gratitude, jour d’offrandes, jours de réjouissances spirituelles.
En ce haut lieu de prédilection, aujourd’hui est le rassemblement des jeunes et des moins jeunes, unis tous ensemble pour cette célébration. Chaque personne est dans sa joie. On dirait un moment sorti d’un conte à valeur humaine où tous sont égaux dans leurs offrandes, dans leur grandeur d’âme. La modestie fait prendre conscience que de petites choses peuvent faire grandir inimaginablement.
Combien j’aime cette vision presque surréelle, pour moi Occidentale, de cet espace coloré d’offrandes, de croyances, de communication avec des êtres chers décédés, de mise en commun de soi. Des fleurs, des fruits, des breuvages faits maison, … et la chandelle dont la lueur vole comme papillon sous le grésille de la montagne.
“Il offrait les larmes de son coeur
Frédéric Ozanam
comme rançon des mauvais jours qu’il avait vécus”
Là où mes enfants et mon conjoint ont reçu mes vœux de vie
Là où le mantra a toute sa force
“Les graines sont dans la noirceur du sol,
Auteur inconnu
mais fleurissent quand même.”
Fini la colère, l’esprit me caresse. Je le laisse me serrer dans ses bras, toute la froideur de la vie tombe, toute la douceur de ma vie m’enveloppe d’une volupté intime. Je me vois dans une chaumière près des personnes que j’aime.
Chanter le mantra ou l’hommage au dieu ou la comptine pour endormir l’enfant, que de douceur au milieu du quotidien.
“C’est le regard qu’on a sur une personne qui rend heureux
Auteur inconnu
et non pas l’effet que celle-ci a sur nous”
L’offrande est un silence bienfaisant, une connexion avec notre intimité. Elle est une demande humble à quelqu’un, un élan du coeur vers une reconnaissance de quelque chose ou de quelqu’un plus grand que nous.
Qu’elle soit symbolique ou abstraite, l’offrande est un moment de bien-être que l’on s’offre.
Le marin sur la mer apprivoise l’orage et la vague
Le terrestre préfère le geai bleu pour s’inventer un quotidien
La vie est faite d’émotions opposées, le bonheur et la tristesse
c’est comme un vitrail de sentiments sculptant notre individualité
Je suis faite de l’originalité de mon essence
Un jour, à l’improviste dans un quartier de Cuenca, rehaussé de bâtiments ancestraux, je vois ces gens fébriles à l’arrivée de Noël. La gaieté embaume l’air. Et, là-bas près du vieil édifice un peu défraîchi, on m’offre de l’eau bénite à boire. Je suis sans mot.
“L’arbre ne retire pas son ombre
Proverbe indien
même au bûcheron”
Comme ce proverbe indien le laisse sous entendre, la dévotion nous amène à mieux saisir l’interaction naturelle et nécessaire entre les êtres vivants et les objets. On réussit à mieux accepter les bêtises de l’autre. On se retrouve tous un jour ou l’autre, dans un dédain incontournable. Malgré la meilleure volonté du monde, en tant qu’être vivant, on finit par empiéter sur un autre vivant. On n’échappe pas à l’équilibre de la chaîne alimentaire.
La sagesse nous indique quand même de développer notre capacité à faire attention à notre entourage parce que :
“Chaque pas qui est fait sur la Terre
Black Elk, (Haka Sapa, leader spirituel des Oglalas)
devrait être comme une prière”
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