Par Claire Durocher

Les arbres sont tous spectaculaires. Ils se parlent entre eux par les racines. Ils nous parlent par leurs branches. Leurs feuilles ajoutent des tonalités pour leur donner du rythme. Si uniques, si intrigants. Ils sont tout, ils sont la vie.

“L’arbre est un être vivant qui a des besoins.
Ce n’est pas un mobilier urbain inerte!”

Jonathan Leuba

L’africain Yacouba Sawadogo comprend le rôle vital de l’arbre pour la planète. Après une longue famine dans son pays, le Burkina Faso, il creuse des trous dans le sol dur et impénétrable et ce, au milieu de la saison sèche où rien ne pousse. Il met du fumier et des résidus dans les trous pour absorber l’eau. Puis, des termites apportent une valeur ajoutée à son travail. Elles creusent des galeries à partir de ses trous qui finissent par retenir l’eau durant la saison des pluies. Le sol est ainsi nourri. Yacouba Sawadogo plante des plantes potagères, mais aussi des arbres. Peu à peu, les oiseaux viennent en apportant de nouvelles graines. La frêle plantation du fermier devient une forêt remplie de plusieurs espèces végétales. La forêt changent le micro climat et fait monter la nappe phréatique. L’agriculture est maintenant possible. L’anthropologue, Damien Deville, dit que Yacouba Sawadogo redessine les espoirs du Sahel.

Photo de Yacouba Sawadogo

Certains arbres marquent ma mémoire.

 

Le Brachychiton rupestris (je pense), l’arbre Bouteille dans un parc à Sydney en Australie. Son tronc bombé sert à stocker de l’eau en saison sèche. Les Aborigènes consomment la sous-couche fibreuse de son tronc pour étancher leur soif ou la donnent au bétail. Son tronc fibreux riches en eau possède une écorce qui rappelle la peau d’éléphant. Son système sous-terrain développe un renflement des racines riche en amidon lui permettant de repousser après un incendie.

Arbre avec un tronc arrondi
Tronc d'un arbre avec une maladie fongique

Sous le ciel noir de Vicuña au Chili, je vois cet arbre à l’écorce claire comme une écale bosselée. Probablement une maladie fongique que me rend perplexe. Il est aligné avec ses semblables le long du trottoir de la ville. Tous défient la vie envers et contre tous. Ils accomplissent les fonctions nécessaires à leur croissance malgré tout.

Est-ce un signe de prédilection? Dans ce silence de la nuit où il n’y a ni lumière, ni mouvement, ni même un objet pour rendre l’instant réel, seulement ces arbres incroyablement parlants.

Une croissance harmonieuse de toute beauté! Le sequoia (je pense) de la Nouvelle-Zélande fait partie de cette espèce d’arbres la plus grande du monde. Sa croissance dans la région de Rotorua ne passe pas inaperçue. Sur son écorce cannelée, on a envie de déchiffrer cette écriture millénaire, comme un roman sur les dizaines de saisons qui ont rempli son existence.

Un sequoia géant
Les branches des arbres sont archées jusqu'au sol

Les arbres (je n’ai pas trouvé leur nom) d’un parc municipal d’Aukland en Nouvelle-Zélande m’impressionnent avec leurs branches qui voyagent par-dessus nos têtes. Ils forment une voûte d’ogives au-dessus des sentiers. Des arches irrégulières partant dans toutes les directions me rappellent un texte du poète Gilles Vigneault: Je suis comme un arbre en voyage. Je m’en vais racines en l’air. Mais de voir le monde à l’envers. Me coûte fleur, fruit et feuillage. Je cherche un pays de mon âge. Un bout de terrain pour l’hiver. Car ne veux être à découvert. Quand le froid prendra mes nuages. Les oiseaux que j’avais en tête. D’un lieu moins fol et moins mouvant. Trouverais-je si je m’arrête. Autre voix que celle du vent. Pour me remémorer leurs fêtes.

Au Chili, le vent de la mer et l’aridité du désert dessinent les arbres. Leurs branches apparaissent taillées finement comme une dentelle frêle et symétrique. Elles sont d’une régularité inhabituelle presque parfaite.

Conifère de la Patagonie
Steppe du Grand-Nord

Au moyen nord de la forêt boréale canadienne, ces épinettes montrent les défis gigantesques à la survie d’un arbre. Leur volonté de vivre dépasse tout entendement. On aurait pu croire que seul les lichens et les mousses pousseraient dans cette aridité des terres de la baie James. Balayées par le vent et ciblées par les températures, ces épinettes sont toujours bien établies sur les terres quelque peu marécageuses. Le truc est de s’adapter à son espace peu importe la rigueur du climat.

On dit qu’il y a 17 000 espèces d’arbres, fleurs, herbes, fougères, mousses et autres espèces de flore au Canada. Chacune est nécessaire aux écosystèmes et est complétée par des insectes, des poissons, des amphibiens, des mammifères ou des oiseaux. Ne reste qu’à trouver l’équilibre entre cette flore et faune et les besoins de l’humain.

L’érable à sucre de chez moi est tout un allié. Il nourrit le corps par sa sève au printemps et apaise l’âme par ses attraits à l’automne. De plus, sa stature imposante donne de l’ombre bienfaisante durant la saison estivale.

Érable aux couleurs d'automne
Arbre ancien dont les racines pendent au bout des branches

Cet arbre du Sri Lanka est comme une fable. Que raconte-t-il avec sa structure peu commune? Il est situé dans l’ancienne ville de Polonnaruwa. Presqu’entièrement constitué de ruines, cet endroit est devenu un des huit sites du patrimoine mondial de l’UNESCO au Sri Lanka. L’apogée de la ville, au XIIe siècle, représentait l’un des hauts filigranes de la première civilisation sri-lankaise. Incroyable de penser, combien un arbre peut recueillir d’histoires tout au long de son existence.

L’apparence de certains arbres du Viêt Nam n’a rien de banale. On dirait des racines hors terre comme des lianes. Ces arbres sont prêts à tout malgré les défis des années. Parfois, leurs structures sont si troublantes que je me demande si ce sont des traces des guerres interminables qui ont marqué le peuple et la végétation du pays. Un auteur a écrit que larbre ne dit pas ce qu’il endure … prenons le temps de l’écouter.

Arbres dont les racines trempent dans l'eau

En Nouvelle-Angleterre, j’ai passé des jours à observer les arbres. Parfois j’avais l’impression qu’ils racontaient des choses étranges. Je n’arrivais pas à détacher mes yeux de leurs formes, de leurs écorces, de leur site de plantation. Quelle chance d’avoir eu une conversation révélatrice avec les arbres de Littletown.

Ce conifère et ce feuillus sont si amis que même leur apparence est devenue semblable. Un peu plus loin, la souche enfante de nouveaux arbres dans la plus grande simplicité.

Arbre pousse sur une petite motte de terre

Parfois, les arbres sont juste là. Ils attirent le respect. À San Pedro d’Atacama, c’est l’apothéose avec ces arbres dont la prestance embellit tout le quartier.

Arbre magnifique dans le terre-plein d'une rue

Déjà dans l’Antiquité, la médecine reconnaît les vertus des arbres pour la santé. Il y a 10 ans, des médecins japonais mettent en œuvre la sylvothérapie. Cette approche consiste à reconnaître l’apport bénéfique des forêts sur la santé. Elle regroupe les médecines alternatives, environnementales et préventives.

L’écrivain canadien, Eckhart Tolle, a dit: Cherche un arbre et laisse-lui t’apprendre le calme.

Cerisier fleuri au printemps

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6 Comments

  • Jacques Robert dit :

    C’est enrichissant de voir la beauté de ces arbres. Ça met en valeur toute la vie qu’un arbre apporte autour de lui. Découvrir l’histoire de l’homme qui a planté des arbres dans le désert, c’est inspirant. Aussi, j’ai aimé comment l’arbre bouteille fait ses réserves dans son tronc.

    • Claire Durocher dit :

      Je suis contente que l’article vous a plu. On devient encore plus des amis des arbres quand on les connaît mieux.

    • Mireille Bourgoin dit :

      C’est bien dit! Oui en effet, la beauté de ces arbres nous enrichit; autant leur beauté visuelle que celle de leur mode de vie et de survie (comme l’arbre bouteille, justement!). Quelle bonne bouille il a ce Burkinabé, Monsieur Sawadogo! Et cette extraordinaire collaboration entre l’Homme et la Nature me fascine et me touche.

      • Claire Durocher dit :

        J’aime votre mot me fascine. Quelle symbiose vivifiante entre l’Homme et la Nature. TOUS les êtres vivants ont cette communion entre eux qui incite au respect.

  • Colette Bellefleur dit :

    Les arbres sont les poumons de la nature, ils nous nourrissent, nous émerveillent, nous calment, embellissent les lieux, nous racontent des histoires, nous montrent des images …….. Merveilleux texte

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