Je te raconte le jour ordinaire devenu l’ultime !
Par Claire Durocher
Les soucis s’incrustent dans ma peau comme un lie fermenté au fond d’un baril. Cet amas d’inquiétudes me coupe de mes émotions. Comment faire le contre-poids de ces inquiétudes ? Je me souviens ma mère me disait … de toujours me récompenser à la hauteur de mes déceptions. C’est décidé, je pars pour Prague. Si quelqu’un me cherche en fin de semaine, dites-lui que je suis partie faire une promenade en Tchéquie. Rien de moins !
Vais-je avoir plus de chance à Prague ? Au pire des pires, je dégusterai une bonne bière Pilsner, spécialité du pays, en rêvassant du château de Prague.
Ça y est, mes pas foulent les pierres vétustes de la ville. Peu importe la fatigue, l’odeur d’une pâtisserie tchèque fracasse tout. Miam miam, un větrnik au caramel : trop sucré jamais, trop réconfortant sûrement pas.
Cette dégustation sublime me laisse des traces de bonheur dans l’âme. Je suis en extase. Je commence à saluer tous les gens que je rencontre Dobrý den, Dobrý den (bonjour). Quelle n’est pas ma surprise de voir le sourire à la fois timide et éclatant de chacun. Comment un Dobrý den peut-il être un tel éclat de rire dans le bonheur ? Je n’oublierai jamais.
Toujours je marche dans la vieille ville de Prague. J’observe les signes au-dessus des portes des édifices. Ils identifient l’occupant, ils sont les précurseurs des adresses à numéros que nous avons aujourd’hui. Trop préoccupée par cette découverte, j’arrive à la dernière minute à la fameuse horloge astronomique. J’aperçois difficilement le défilé des apôtres dans ce gigantesque «coucou». Ils sont donc bien grands ces Européens. Je me sens miniature à leurs côtés.
Pas de chance, c’est foutu, l’horloge se tait. Mais j’y pense. Vite je cours au pont Charles où je peux toucher la célèbre statue chanceuse. Illusoire disent les Tchèques, mais peu importe, je me dis : vaut mieux croire et être heureux. Je mets la main sur la statue prodigieuse et je lui dis du fond du coeur : donne-moi la chance pour le reste de mon week-end.
À peine traversé le pont, je suis la horde de promeneurs. Ils se dirigent vers le mur de John Lennon. Un mur rappelant la liberté d’expression, l’opposition à la guerre et l’appel à la paix dans le monde.
De retour dans l’effervescence de Prague, je me laisse raconter les origines du cristal de Bohème. Une variété de verre tchèque où la forte teneur en oxyde de plomb le rend transparent et clair.
La marche, la marche, c’est bien beau la marche, mais moi j’ai faim. Je contourne les remparts du château où quelques moutons broutent paisiblement. Je trouve un restaurant. Je m’arrête goûter le plat traditionnel de canard, choucroute et … je ne sais pas trop … de patates en pâte ou de la pâte de patate. C’est délicieux. Ce qu’il y a de plus magique dans ce plat, c’est la fierté du serveur à m’offrir sa spécialité locale comme une joie triomphale de communication culturelle.
À la sortie du restaurant, quelle chance je découvre un stand de trdelnik. Cette pâtisserie n’a de tchèque que le fait qu’elle soit vendue à Prague. Mais bon, une pâtisserie reste un réconfort. Ne dit-on pas que Stressed en anglais s’écrit Desserts à l’envers ? Voilà miam miam.
Je termine ma marche de fin de semaine, à la rencontre de la grande dame, Lilith de l’artiste David Cerny. Je suis complètement absorbée par cette œuvre colossale de 24 mètres de hauteur.
Les pieds endoloris après cette virée dans l’Est européen, je retourne à mon hôtel. Quelle chance ! J’apprends qu’on y offre un spa de bière. Aux grands maux, les grands moyens, je me laisse tenter par l’expérience. Après tout, la Tchéquie est reconnue pour sa bière Pilsner.
Assise dans un baril de bois avec le houblon et la mousse de bière autour de moi, je sens l’odeur de gazon du houblon frais. D’ailleurs, heureusement qu’il n’est pas trop mûr, car on dit que le houblon très mûr sent les oignons, le souffre et l’ail. Ouf, échappée belle. Je me sers un bock de bière à même le robinet au-dessus du baril.
Mission accomplie. Ma fin de semaine à Prague me rapproche à nouveau de mes émotions. Merci maman. Je suis allée à la conquête de mes sentiments et j’ai vaincu l’adversité. Je reprends la formule de Victor Hugo inspirée de Jules César, Veni, vidi, vici. Je suis venue, j’ai vu, j’ai vécu.
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Je n’ai pas de mots pour décrire ton talent Claire! À chaque fois que je te lis, tu m’emportes à une nouvelle destination où tu me fais rêver! Juste une fin de semaine et tu as réussi à capturer l’essence de Prague en tant de mots! Bravo ma belle!
Merci beaucoup. Vos commentaires sont toujours appréciés. Je suis bien heureuse que vous m’accompagniez dans mes escapades.
Wow toute une fin de semaine, ……. ta description est fantastique, …. on a l’impression d’y être et de visiter avec toi
Plein de plaisirs et bon retour à la normale
Merci beaucoup. C’était inusité le spa à la bière, qui l’eût cru!
Quelle belle fin de semaine. Mais trop court il y a tellement de choses à voir à Prague.
Effectivement Prague est une ville magnifique. Elle a aussi l’avantage que l’on peut voir beaucoup juste à marcher à partir de la vieille ville. Merci beaucoup de votre commentaire et d’être venue à Prague avec moi en lisant ce texte.