Par Claire Durocher
On les voit à peine, ces plantations de cacaoyers. J’avance fébrilement sur une petite route sinueuse tout près de magnifiques chutes. J’approche de ce lieu divin du monde du chocolat. Le son des cascades laisse place à des wow interminables.
La journée ensoleillée, la chaleur fraîche de la montagne, la beauté du paysage m’enivrent déjà. J’ai l’impression de patiner sur la route de gravelle tellement je suis excitée d’apprendre la véritable histoire du chocolat. On dirait presque la forêt tropicale autour de moi est de bonne humeur, elle aussi.
J’arrive à la ferme artisanale biologique près de Mindo, en Équateur. Le pays est reconnu pour son chocolat haute gamme par les chocolatiers de renom à travers le monde. Du chocolat de grand cru, comme on dit dans le jargon.
Les cacaoyers montrent leurs cabosses bien mûres. Elles miroitent dans la plantation comme une lumière à travers le vert épais des arbres fruitiers. Les cueilleurs sont au travail, la saison va bon train.
Les fruits sont apportés au petit atelier où ils seront transformés des mains d’une dame aimable et avenante. Elle se fait un plaisir de partager son savoir. Les grappes blanches au centre de la cabosse goûtent déjà bonnes. L’heure est douce comme du chocolat.
Les premiers préparatifs commencent. Notre tâche est d’écaler les fèves.
Les fèves sont ensuite écrasées dans un petit moulin à vrille, moulues sur meule et chauffées pour en faire du chocolat liquide pour la dégustation. Une fondue au chocolat à même les installations de transformation de Mindo! Apprendre le chocolat du cacaoyer… au chaudron … à la bouche.
Je me sens dans un ailleurs terrestre, peut-être en raison de la couleur brune du chocolat qui se marie avec l’espace multicolore de l’endroit. Je marque ce moment dans mon coeur pour toujours. Un instant envoûtant, mais c’est la dame qui donne le sublime de ce moment. Sa gentillesse, son sourire, elle est toute en couleurs dans son intérieur comme dans son extérieur.
Les grains de cacao de l’Équateur sont reconnus en raison de la localisation géographique parfaite pour la production de cette denrée. Le pays produit 63 % de la production mondiale de cacao. Sa variété indigène Arriba poussent dans le pays depuis toujours. D’ailleurs, en 2018, des archéologues ont découvert des traces d’ADN végétal sur des contenants de poterie appartenant à la très ancienne culture Mayo-Chinchipe. Ce sont en fait des graines moulues d’une cabosse de cacao. Les archéologues concluent que l’Équateur serait le pays d’origine du chocolat. Par la suite, des semences auraient été transportées à travers le monde par des voyageurs de commerce.
Aujourd’hui, d’autres pays produisent du chocolat. Même qu’au printemps de cette année (2022), le titre du meilleur chocolat du monde est attribué à un jeune chocolatier de la Côte d’Ivoire, Axel Emmanuel Gbaou, lors du Salon de l’agriculture de Paris. Son entreprise est basée sur un partenariat équitable avec les producteurs qui pratiquent l’agriculture biologique.
La première barre de chocolat serait attribuable à Joseph Fry en 1847. Pas étonnant que ma mère avait toujours une boîte jaune de poudre de cacao Fry’s dans sa cuisine.
L’émergence de petits chocolatiers équatoriens prend plus de place sur le marché local du pays. Il y plusieurs fermes familiales à petite échelle. Souvent inspirées par la culture maya, les saveurs du chocolat sont toutes aussi bonnes que surprenantes. On retrouve du chocolat noir au piment fort, à la vanille, à la cannelle, au sel de mer et à la rose. Les roses sont si belles à Mindo. La tendance des consommateurs pour l’achat de chocolat certifié équitable est importante pour le développement durable des communautés rurales.
Apprendre le chocolat à Mindo, c’est prendre la vie par le coeur, le torréfier juste à point. Le savant, Galileo di Vincenzo Bonaiuti de Galilei, mieux connu sous le nom de Galilée, a dit un jour :
Le soleil avec toutes ces planètes qui gravitent sous sa gouverne, prend encore le temps de mûrir une grappe de raisin, comme s’il n’y avait rien de plus important.
Je lui réponds avec le verbe de Victor Hugo :
La joie que nous inspirons a cela de charmant que, loin de s’affaiblir comme tout reflet, elle nous devient plus rayonnante.
Apprendre ensemble et partager son savoir est tout ça à la fois.
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Ça donne le goût d aller s acheter un bon chocolat pimenté et de le déguster. J ai bien aimé ton texte.
Merci beaucoup. Je suis contente que vous ayez apprécié cette escapade au pays du chocolat. Goûter de nouvelles saveurs de chocolat, c’est souvent une surprise!
Très intéressant cette découverte de la fabrication du chocolat. Les explications sont claires. Ça nous donne l’eau à la bouche.
Merci de votre partage. Je suis contente que mes mots vous ont permis de me suivre dans cette aventure de fabrication du chocolat. Vous avez l’eau à la bouche, gâtez-vous….
Wow!! Merci de m’avoir permis de revivre ces beaux moments à nouveau. En fermant mes yeux après avoir lu le texte, je m’y suis presque cru. ?
Pouvoir revivre des moments si précieux par les mots, c’est parce qu’ils sont si ancrés en nous qu’on peut les revivre avec notre coeur et notre âme. La gentillesse des Équatoriens lors de notre traversée de leur pays est palpable dans le texte et les photos. Je souhaite que la dernière photo de toi et moi inspire plusieurs personnes à se créer des moments précieux.