Oyez, oyez, braves gens, c’est l’heure. Notre tuk tuk nous attend. En route vers le marché de poissons de Negombo.

Notre tuk tuk fait son chemin à travers les rues encore endormies. Quelques commerçants préparent l’ouverture de leurs boutiques. Arrivée près du littoral, j’ai peine à discerner les bateaux à travers la semi clarté du jour. L’aube est encore incolore. Mais bientôt, le bleu du ciel se laissera fondre dans celui de l’océan. Le sable brun caramel du rivage sera piétiné de mille empreintes de pas. Les pêcheurs reviennent du large avec leurs bateaux aux étonnantes voiles carrées.

Les pêcheurs accostent leur bateau sur la plage. Ces marins sont faits d’étoffe de vent de mer, de chants de mouettes et de persévérance infatigable. Sur le rivage, les vagues se brisent sur leurs chaloupes. Un éternel recommencement.

Une partie du butin est distribuée aux familles pour être transformé en festin du soir. Puis, les femmes et les hommes s’affairent à préparer le reste des poissons. Des abris de fortune s’érigent. On dépèce les poissons. On les met dans des paniers d’osier pour une vente immédiate. Certains poissons sont mis dans des barils d’eau salée pour être marinés quelques semaines.

D’autres poissons sont étendus sur des nattes en fibres de coco à même le sol de la lagune sablonneuse. Ce procédé de séchage au soleil donne aux poissons une saveur unique. Ils sont retournés plusieurs fois à la main pour un séchage égal.

Parfois, des intrus s’invitent au marché. Non mais, avez-vous vu cette vache errante au coeur du marché ?

Sur les étals précaires, s’enlignent thons, sardines, espadons, calamars, crabes, pieuvres et bien d’autres délices gourmets.

Le silence n’a pas sa place au marché. La vente à la criée bat son plein. Il faut entendre les pêcheurs qui, comme à l’époque des crieurs publics, appellent les acheteurs en spécifiant quelles ont été les prises du jour. Tous s’agitent. Le butin prend vie.

L’effervescence du marché terminée, les pêcheurs se rassemblent autour de leurs embarcations. Ils réparent et rangent leurs filets, astiquent leur bateau et préparent leurs appâts pour la pêche du lendemain.

Les discussions vont bon train. Leurs paroles se volatilisent dans l’air salin. Le groupe fait preuve d’une solidarité indispensable. Lorsque la mer se fâche, chacun assure la survie de l’autre.

Le marché de poissons de Negombo fait vivre 8 000 familles. Les pêcheurs sont emblématiques dans ce pays insulaire au sud de l’Inde. Un mode de vie simple qui cache ses inquiétudes, y aura-t-il assez de poissons, la mer sera-t-elle clémente …

Pour nous, c’est l’heure du départ, on reprend place dans le tuk tuk. On repart avec les odeurs du marché imprégnées dans la peau.

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