“Je ne vieillis pas, je prends de la valeur.”
Auteur inconnu
Par Claire Durocher
En huitième année, alors âgée de 12 ans, le directeur de l’école décide de faire un sondage à travers toute l’institution. La question est : Quel est le plus grand maux de la terre? Après une longue réflexion, sûre de moi et fière de ma délibération, j’écris sur le bout de papier: la vieillesse. Mauvaise réponse semble-t-il. J’ai droit à des reproches et à de l’humiliation à profusion. Pour la direction, la seule réponse acceptable est le cancer.

Aujourd’hui, je trouve encore que la vieillesse est une étape difficile. J’ai toujours apprécié chaque âge de ma vie, j’ai toujours aimé chaque âge de mes enfants. Il y a tant à faire à chaque étape.
Le mouvement perpétuel de changement d’une année à l’autre est source de révélation, de trouvailles, de découvertes, d’identification. Quelle beauté que de se découvrir, de devenir de plus en plus soi‑même à la suite de nos expériences et de nos rencontres. Mais, la difficulté est que l’on devient vulnérable. Vulnérabilité est un mot bien triste rempli de fragilité et de résilience.
Durant toutes ces années dans mon rôle de femme, de mère, de professionnelle, mes actions sont le résultat direct du fait que je me sais invincible. Le mot invincible fait partie de moi, de ma jeunesse.

Il y a toujours cet attrait de l’inexploré dans la jeunesse. Il y a cette fascination à garder sa jovialité à travers le temps, les époques. L’art de voir sa vie avec un regard neuf chaque matin.enchante. Je reste aux aguets afin que l’harmonie soit présente dans mes valeurs et dans mon environnement social.
La jeunesse est aussi cette bataille pour rester authentique malgré les influences du monde extérieur. La vieillesse enlève peu à peu de cette force, de cette énergie. On sent la fragilité comme si nos moyens de survie sont expirés. On se sent démuni, dépourvu, bref dans une précarité inconnue jusqu’alors. Il faut accepter cette fatigue physique et mentale comme faisant désormais partie de notre vie. La vieillesse exige une nouvelle façon de faire les choses, de comprendre son nouveau rôle dans son soi et dans la société.

Nous ne sommes pas vivants dans nos avoirs et dans notre travail. Nous sommes immortels si nous partageons nos connaissances, distribuons notre amour et notre compassion, si nous nous investissons dans des projets sociaux durables. La vieillesse ne doit pas nous égarer de la vie. Au contraire, elle est un temps de renaissance dans le sens de rénover notre pensée pour continuer de créer, de bâtir le monde.
L’aîné n’a plus la même perception de la vie, mais il est fortuné dans sa nouvelle profession d’être vieux. Il a le recul et il doit se dire que regarder le passé n’ouvre pas les portes de l’avenir. Vivre dans cette sécurité du passé étouffe l’âme, mieux vaut continuer de se créer des jours heureux. La profession d’être vieux donne le luxe de pouvoir prendre son temps. Quelle luxure d’avoir le temps de regarder le lever du soleil à l’aube et de suivre la lune du crépuscule jusqu’à la profondeur de la nuit. Quel bonheur d’avoir tout son temps pour parler avec l’autre et vaquer à de menus travaux. Quelle richesse de s’investir dans une cause communautaire avec notre savoir et nos acquis.

Comme la vie est par définition un perpétuel changement, rester à la même place signifie donc de reculer. Surtout comme j’ai déjà lu que:
“La perspective certaine de la mort devrait donner à la vie
Friedrich Nietzsche
une goutte délicieuse et parfumée d’insouciance,
mais âmes bizarres d’apothicaires,
nous avons fait de cette goutte un poison infecte
qui rend répugnante la vie toute entière.”

Je choisis de profiter de ce nouveau moment de ma vie. L’introspection fait partie de l’appréciation du moment présent. Je veux rester entourée de jeunes, eux qui m’ont toujours portée vers le dépassement de moi-même. Je veux vivre pleinement avec mon amoureux, partager mon bonheur avec autrui. Chaque jour est une nouvelle carte postale de ma vie, j’ai tant à faire, à aimer, à savourer.
“Aujourd’hui je ne fais rien et si je n’ai pas fini,
Carte citation Humour Ecureuil
je continuerai demain”

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Toujours cette douce, rafraichissante et bienveillante philosophie! Comme un tissu soyeux sur la peau. Merci Claire.
Vous venez de m’éblouir avec votre belle poésie. Merci pour ce beau moment.