Par Claire Durocher
Notre communauté possède des pages non écrites, des souvenirs oubliés dans les mémoires. Réal Weightman fait partie des bâtisseurs de Saint-André-d’Argenteuil. Suivons sa trace d’un travail à l’autre. Connaître Réal Weightman, c’est découvrir beaucoup de vécus de chez nous.
Issu d’une famille de plus de 20 enfants, il est le fils de Léonie et Percy. Sa vie est une odyssée. On ne compte plus les métiers qu’il a faits, ni les entreprises du village où il a travaillé.
Besoin de chauffage dans la maison familiale, Réal est à la rescousse. Malgré son très jeune âge, il devient livreur de charbon pour James Proulx. Sa famille négocie un contrat de troc avec l’entreprise. Ses heures de travail sont payées en charbon pour chauffer la maison familiale.
La débrouillardise en poche, un jour il devient journalier dans la construction de maisons. Les maisons pièce sur pièce sont populaires. Très vite, il apprend à poser l’étoupe entre les billes. L’étoupe consiste en des fibres de lin ou de chanvre pour calfeutrer les joints. Ce matériau est huilé pour faciliter un glissage serré entre les billes.
Avec toutes ces nouvelles maisons dans la communauté, les besoins en eau potable deviennent une nécessité. Les dirigeants décident de construire un aqueduc. Faits de bois, les tuyaux sont raccordés avec des chevilles de bois et leur étanchéité est assurée avec des lanières de caoutchouc. Réal n’abdique jamais, il se trouve du travail dans l’équipe de construction de l’aqueduc.
Notre communauté s’enorgueillit d’être toujours au goût du jour. Le fameux Yvon Robert est une vedette incontestée de la lutte. Alors, la salle de billard chez Gaby, (Bacon & compagnie), présente des spectacles de lutte sur grand écran. Bien sûr, notre jeune Réal fait partie de l’aventure. Pendant que les spectateurs ne ratent pas une seconde de ce spectacle singulier, Réal monte les boissons gazeuses de la cave à la salle à manger. Les breuvages sont conservés dans des glacières de blocs de glace au sous-sol de l’établissement.
Sa responsabilité des breuvages ne le satisfait pas. Novateur dans l’âme, il demande au propriétaire, Gabriel Larocque, d’installer une chaise pour cirer les chaussures. Il demande 10 cents à chaque client. Notre homme d’affaires partage 5 cents pour lui et 5 cents pour le propriétaire.
Heureusement, il n’a pas décidé de se lancer dans la coupe de cheveux car ce commerce a son enseigne bleu, blanc, rouge de barbier! Par contre, il affirme son côté rieur en plaçant les boules de billard très serrées pour donner du fil à retordre aux joueurs au début des parties.
L’hôtel d’Edgar Monette, (Pizza 3000), est un commerce florissant. Bien sûr, notre gaillard dans la force de l’âge s’y trouve un emploi. Il travaille à l’hôtel et, tous les soirs, il arrose la patinoire pour la somme de 1$. Edgar Monette est astucieux, il sait que les patineurs viendront prendre une bière après le match.
Réal Weightman n’a pas froid aux yeux, peu importe la tâche à accomplir, il déclare présent. Il rejoint l’extra-gang du chemin de fer. Le transport par train est important, que ce soit pour se déplacer d’un village à l’autre, pour apporter le lait à Montréal ou pour la poste. Notre communauté est fière de sa gare.
Ainsi, l’extra-gang répare la voie ferrée et le nivelage des rails est fait avec un morceau de bois. Un niveau à bulle : connaît pas.
Un jour, il est envoyé à la carrière communément appelée pit de gravelle. La locomotive recule de la gare à la carrière et les wagons sont remplis de pierres. On lance les pierres dans le wagon à bout de bras. La température monte parfois jusqu’à 110 degrés. Réal dit qu’il devient noir comme du charbon tellement il est « grillé » par le soleil. Le train transporte de la roche afin qu’elle soit concassée et utilisée sur les chantiers routiers ou de construction. D’ailleurs, la carrière existe encore dans le village.
Cet homme à tout faire ne peut s’empêcher d’accompagner John Haspeck, responsable du courrier. Chaque soir, le train entre en gare et apporte le courrier. Au début, cette tâche se fait avec un attelage de chevaux. John et Réal apportent le courrier au bureau de poste de Saint-André (situé au même endroit aujourd’hui) et aussi à Carillon qui a son propre bureau de poste. Ils rapportent les lettres à poster par le train du lendemain.
Fils d’un père menuisier et teinturier, un jour, il entre à l’usine Ayers de Saint-André-d’Argenteuil. L’usine a pignon sur rue dans le bâtiment du défunt moulin à farine. Il y eu un temps, au début des années 1800, où les gens venaient de partout pour y faire moudre leur grain. On suivait la rivière parce qu’il n’y a pas de route. Puis, le bâtiment est transformé en usine de pâtes et papier. Ensuite, la St.Andrews Woolen Mills y fabrique des tissus pour l’armée canadienne. Réal fait sa marque dans ce nouveau pan de notre histoire. Il devient le « Bobine Boy ». Son travail consiste à récupérer les restes de laine sur les navettes de tissage.
Plus tard, Réal participe à l’opération recyclage de papier. La compagnie de pâtes et papiers, Price Wilson à Lachute, pilote ce projet. La tournée se fait dans les Laurentides, jusqu’à Saint-Sauveur en passant par le Carrefour du Nord. Chez nous, il y a une boîte de récupération près de l’ancienne caserne des pompiers (Station 210). Ce travail lui rapporte 25$ par semaine.
Aujourd’hui à 86 ans, Réal Weightman trouve toujours la vie belle. Il ne manque aucune occasion pour partager ses souvenirs. Il fait partie d’une grande fresque de notre histoire, ici, à Saint-André-d’Argenteuil.
Au fil des mots est une page de clairedurocher.com dédiée à la communauté de Saint-André-d’Argenteuil. Tous les articles d’Au fil des mots sont regroupés dans les dernières pages de la section Archives.
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Je suis fière de mon père il a toujours travailler fort dans sa vie et ont jamais manqué de rien encore d’aujourd’hui il ne ce repose jamais toujours quelque chose a faire pour les autres comme tondre le gazon de sa voisine entré le bois même le mien il joue encore au hockey il ne peut s’arrêter c’est non modèle…
Mon héros je suis fière de toi mon père .
Je suis choyée d’avoir eu la chance de recueillir les souvenirs de votre père. M. Weightman est un homme de grande humilité et de foi en la vie. Il raconte son vécu avec beaucoup d’exactitude. J’ai été éblouie par toutes ses connaissances. Et, je n’ai pas tout dit … comme la fois où il a été coupeur de glace juste en haut des rapides de la rivière du Nord à l’entrée du village. Avec sa longue scie de 6 pieds de longueur, les blocs étaient rapidement taillés pour servir de réfrigérateur pour conserver les réserves de l’hiver. Pour plus d’efficacité, on les recouvrait avec de la sciure de bois, gracieuseté de la scierie de Jean Rozon. M. Weightman mérite toute notre reconnaissance.
Bel article Mme Durocher. Recueillir des fragments d’histoire par le truchement des souvenirs de personnes âgées répond au manque du patrimoine vivant. Au début des années 2000, j’ai participé à ka rédaction de la politique culturelle de la MRC d’Argenteuil et il fut constaté la pauvreté dans ce domaine. Peut-être êtes-vous celle qui enrichira le patrimoine vivant d’Argenteuil. N’êtes-vous pas vous même la fille du maire Durocher (désolée, je ne me souviens plus de son prénom ) du village de St-André d’Argenteuil ?….là aussi il y a une page d’histoire à saveur politique. Bravo pour vos écrits.
Je suis tellement d’accord avec vous sur l’importance de recueillir notre histoire à travers les gens de chez nous. Il y a tout à découvrir dans la mémoire de nos citoyens. Je veux faire ressortir la beauté des personnes et les attraits de notre communauté à travers mon blogue que ce soit par les textes ou par la photo de la semaine (Bonne semaine St-André-d’Argenteuil). Je suis la première surprise de découvrir le patrimoine humain et matériel de mon village natal. En ayant participé à la rédaction d’une politique culturelle de la MRC d’Argenteuil, vous avez, vous aussi, aider à faire un pas en avant. Ensemble, nous pouvons colorer notre histoire selon notre champ d’intervention.
Woww! Je suis tellement fière de mon père. C’était un temps de grosse misère pour cette famille. Ils ont vécu des moments très difficile dont Percy et Léonie ont su surmonter par amour pour leurs enfants. Cette vie a forger le caractère de mon père. L’éducation qu’il nous a donné, nous a permis de connaître une bonne valeur , qui est le respect envers les autres Du haut de ses 86 ans, il est en bonne forme physique et mental, il a encore la passion pour le hockey qu’il pratique toujours aujourd’hui. J’aime son sens de l’humour, une joke attend pas l’autre. Je suis tellement reconnaissante pour tout ce qu’il a fait pour moi. Chaque jour, je remercie Dieu de me donner la chance de vivre encore de beaux moments avec mon papa. Madame Claire Durocher , je vous remercie de tout mon coeur d’avoir écrit cette article sur mon père, j’apprécie beaucoup.
C’est tout en votre honneur d’exprimer votre fierté et votre reconnaissance à votre père. Qu’il vous ait montré d’être optimiste et confiante plutôt que de voir la misère est un beau cadeau, c’est un héritage précieux. Vous nous apprenez quelque chose de nouveau: sa passion du hockey et il joue encore aujourd’hui, Incroyable!
Quelle belle biographie de cet homme. Il est un bel exemple pour nous tous. Merci Claire d’avoir publié cette histoire.
Il en a des anecdotes à raconter M » Weightman! C’est intéressant de constater qu’il a, un jour ou l’autre, fait partie de beaucoup d’éléments du patrimoine humain de Saint-André-d’Argenteuil.
Merci Claire de relater un si magnifique parcours de cet homme, très dévoué et inspirant.
Bien d’accord avec vous. Réal Weightman a un parcours de vie magnifique. J’ai été touchée par sa détermination, sa débrouillardise et surtout par son enthousiasme dans tout ce qu’il entreprenait. J’ai rencontré un homme fier et heureux qui laisse sa marque dans notre communauté. Je suis contente que vous ayez apprécié de le découvrir.
Tellement fière de mon grand-père , tellement de corde à son arc , c’est un modèle pour nous tous et j’essaie d’inculquer ses valeurs à ses arrières petits enfants.
Il y a tellement de choses qu’il m’a raconté, étant plus jeune, qu’il lui permettait de faire un peu de sous pour aider ses parents ,il n’y a pas de sot métier. Mon parrain,mon grand-père,mon héro l’homme qui m’a appris à percévérer malgré les difficultés.
Vous avez raison d’être fière de votre grand-père. M. Weightman est un homme attachant qui a une façon émouvante de nous raconter ses anecdotes et ses expériences. Ça nous remplit de gratitude d’entendre son parcours de vie. Il a été généreux de nous partager sa belle histoire. Je le remercie des moments qu’il m’a consacré pour écrire ce texte.