Par Claire Durocher
On entend encore le craquement de la chaise berçante sur le plancher de bois usé par le temps. On sent encore les odeurs de lilas lorsque notre être cher s’assoit sur sa berceuse… parfois si rustique. Le rythme des bercements monte à travers la chaleur du poêle à bois ou de l’arôme de la tarte aux pommes.
Chaque foyer a sa chaise berçante. Chacun de nous a son souvenir, si présent dans son coeur, de cette fameuse chaise au milieu de la cuisine. La chaise fétiche où Lionel, fumant sa pipe, affiche sa joie de voir sa famille autour de lui.

La chaise d’honneur, des grandes occasions, celle qu’on offre aux invités et à Monsieur le curé lors des visites paroissiales. La mariée a même le droit de s’y asseoir le grand jour!
Pour tout dire, la chaise berçante est un élément omniprésent de notre mobilier. Parait même que les soucis s’envolent avec le va-et-vient de son mouvement. Après les durs travaux du quotidien, elle apaise. Chaque élan est comme une envolée de moments précieux de la journée. Le rosier qu’on a planté, disaient Marie-Claire et Richard Séguin sur leur album Récolte de rêves. Cette chaise où on tricote chaque soir quand les enfants sont couchés. Chaque résident de Saint-André-d’Argenteuil a eu droit à sa berceuse dans la fameuse chaise berçante. Est-ce de là que vient le mot chanter une berceuse pour s’endormir? Plus encore, connaissez-vous la légende urbaine qui dit qu’autrefois, les vieilles filles se berçaient vivement sur la galerie pour attirer l’attention des prétendants?

Dans notre village, on pourrait organiser un pèlerinage et trouver une chaise berçante dans chaque chaumière. Elles sont parfois visibles sur les galeries par les soirs de brise ou de blizzard. Elles attendent le visiteur ou le repos du soir pour se raconter encore et encore ces mille petits moments de bonheur de la journée, ses mille secrets bien gardés.

Son charme est présent dans l’art de sa fabrication. Notre mère ou notre père qui, de tout son amour, tresse patiemment la chaise avec de la babiche, de la fameuse laine Phentex ou encore tout simplement avec de la corde à bêle (ballot de foin).

Il semble que son arrivée en Amérique est reliée au président américain Benjamin Franklin. Il aurait demandé à un forgeron de mettre des patins courbés sous son fauteuil droit. La créativité des artisans a fait le reste, avec des innovations pour faire de la chaise berçante une pièce de notre mobilier. En 1820, la première chaise berçante du continent américain est usinée devenant la Boston Rocker. Chez nous, elle demeure la chaise du grand-père, de la grand-mère…. même bébé a sa chaise.

Naguère, la chaise berçante est le pivot de la famille pour jaser, bercer bébé, tricoter, relaxer. Quand vient l’heure, l’aïeul la donne à son enfant qui, à son tour…. Et c’est comme ça que ça se passe, ici, à Saint-André-d’Argenteuil.

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totalement bien dit
Merci. C’est à se demander quelle partie de nos souvenirs entre dans la lecture de ce texte. Un passé qui nous semble si proche.